Dans le creux, Anthony Moris est au centre des débats à l'Union : "Avec son mental d'acier, il va rapidement se relever"
Le gardien et capitaine unioniste a coûté quelques points dans les playoffs, mais restera titulaire.
- Publié le 23-04-2024 à 06h42
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. C’est ce qu’Anthony Moris a dû se dire à la fin du match contre Bruges dimanche : au coup de sifflet final, le gardien de l’Union a dégagé de rage le ballon qui a fini sa course vers des supporters en tribunes. Conscient de sa gaffe involontaire, il s’est alors excusé avec de grands gestes envers les personnes surpris par le cuir.
Ce geste de frustration venait couronner la situation difficile que connaît Moris depuis le début des playoffs avec d'abord une faute d'appréciation sur l’unique but du match à Genk. "C’est entièrement de ma faute mais je préfère qu’on perde 1-0 et que ce soit moi qui fasse l’erreur en tant que capitaine." Deux semaines plus tard, le capitaine unioniste était une nouvelle fois pointé du doigt pour un ballon remisé trop dans l’axe sur l’ouverture du score des Mauves.
Dimanche, face au Club Bruges, c’est encore lui qui était sous le feu des critiques pour un dégagement réalisé rapidement et finalement dévié par Vetlesen directement dans les cages bruxelloises. "Le feeling du match est à prendre en compte pour comprendre cette action, analyse Laurent Deraedt, l’ancien entraîneur des gardiens d’Anthony Moris à l’Union. S’il tente de trouver Puertas si rapidement, c’est qu’il est conscient que c’est la meilleure chose à faire à ce moment-là. Si le ballon passe et que Puertas marque, tout le monde le félicite pour sa vitesse d’exécution et sa qualité de relance. Malheureusement, cela ne tourne pas pour lui actuellement."
Des points qui coûtent cher
À cause de cette fameuse pièce qui tombe du mauvais côté, Anthony Moris ne réalise pas des playoffs comme espérés. Dans ce mini-championnat, il est le gardien qui a le plus encaissé de buts (7 goals) devant l’Anderlechtois Kasper Schmeichel (6) et il n’a pas encore réussi une seule clean-sheet. Sur l’ensemble de la saison, il n’est que le septième gardien avec le plus de clean-sheets (8 depuis le début de la phase classique) et le septième ayant concédé le moins de buts (1,05 toutes les 90 minutes) tout en ayant un ratio de buts évités par match négatif. "Il ne fait pourtant pas une mauvaise saison, avance Silvio Proto. Au final, je trouve qu’il fait plus gagner de points qu’il en fait perdre à son équipe. C’est juste que les points perdus en playoffs coûtent plus chers au décompte final. Il fait une saison un peu inverse de celle de Kasper Schmeichel qui était fort critiqué en début de saison et qui est désormais déterminant. Si l’Union fait 6 sur 6 contre l’Antwerp et que Moris réalise de gros arrêts, on dira qu’il est de retour à son meilleur niveau..."
"Moris fait une saison un peu inverse de celle de Schmeichel."
Mais avant de se déplacer au Bosuil, l’international luxembourgeois est clairement dans le creux. Reste à voir comment il parviendra à sortir du trou lui qui prend beaucoup de temps à analyser ses rencontres. "Anthony est quelqu’un d’intelligent, lance Laurent Deraedt qui bosse désormais pour la Fédération marocaine. Quand je travaillais à ses côtés, il ne fallait pas lui dire ce qu’il avait mal fait après une erreur. Lors de nos briefings vidéo, je faisais quelques remarques mais il savait très bien ce qui s’était moins bien passé. C’est un garçon facile à gérer qui ne se cache pas et qui prend ses responsabilités. Dans la situation actuelle, il prendra le recul qu’il faut et se remettra en question. La meilleure chose à faire est de le laisser tranquille et de laisser le staff travailler avec lui."
Pas en manque de confiance
Dans ces moments, la relation entre l’entraîneur des gardiens et son keeper est importante. À l’Union, Sven van der Jeugt a remplacé Logan Bailly cet été. Si l’entente n’est pas aussi exceptionnelle qu’avec Laurent Deraedt, qui aura réussi à retirer le meilleur de celui qu’il avait connu à Virton, Anthony Moris s’entend très bien avec van der Jeugt qui a les qualités pour remettre son gardien sur le droit chemin. "Il devra avoir un discours pour le protéger et le remettre en confiance, avance Proto. Même si je n’ai pas l’impression de voir un gardien en manque de confiance totale. Sur le fameux but qu’il encaisse face à Bruges, il va chercher juste avant un ballon aérien en s’imposant dans les airs. Un gardien en manque de confiance n’aurait pas osé sortir de la sorte. Des goals encaissés comme celui contre Bruges ou celui à Anderlecht font partie du quotidien des gardiens de but."
Et Lindner ?
Très rapidement après la rencontre, une question s’est propagée sur les réseaux sociaux : ne faudrait-il pas mettre Anthony Moris sur le banc et faire confiance à sa doublure arrivée cet hiver, Heinz Lindner ? Au club, il est presque assuré que la question ne se posera même pas en ce début de semaine. Moris est l’un des seuls joueurs indiscutables qui seront toujours titularisés par Alexander Blessin sauf blessure ou suspension. Son coach l’a d’ailleurs protégé avec force après la défaite contre Bruges et le remettra sur le terrain dimanche même en cas d’erreur jeudi soir. "Cela me fait toujours rire d’entendre des questionnements pareils qui viennent de supporters de la victoire, avance Silvio Proto. Quand tout se passe bien, ils sont là. Mais quand quelque chose ne tourne pas rond, il faut directement trouver une solution radicale… S’il faut changer Moris parce qu’il est moins dedans, on pourrait changer les trois-quarts de l’équipe."
Anthony Moris, lui, est bien loin de ces débats lancés sur Internet. Celui qui ne lit que très peu ce qui circule sur sa personne dans les médias ou sur les réseaux sociaux a déjà montré tout au long de sa carrière qu’il avait bel et bien un mental d’acier. Après avoir connu deux grosses blessures au genou mais aussi le chômage et la D1 amateurs, le gardien de 33 ans est paré mentalement. "Il me disait souvent que chaque seconde passée sur le terrain était déjà une victoire pour lui vu son passé, conclut Laurent Deraedt. Anthony est un gardien avec un mental d’acier qui va se relever. Ce n’est pas ses dernières approximations qui vont le déstabiliser. Dimanche, beaucoup seraient rapidement rentrés dans le vestiaire en fonçant ensuite dans sa voiture pour rentrer à la maison. Lui n’a pas fui ses responsabilités en allant se présenter à l’interview. Vu son mental, il est capable de réaliser une prestation XXL à l’Antwerp."
Soit exactement ce dont l’Union a besoin à l’approche de la moitié de ses playoffs...